L’enfance est notre symptôme. Jamais une époque n’aura autant idéalisé ses enfants, jamais non plus l’hypocrisie n’aura été si flagrante. Objet de toutes les convoitises - médiatiques, industrielles, politiques -, l’enfant merveilleux s’offre à nous comme une surface de réparation idéale. La réalité est tout autre. Abus, pauvreté, abandon. Les enfants n’ont qu’à se taire. Plus le recours aux droits est mis en avant, moins on peut crier. L’idéal nous bâillonne plus sûrement qu’aucune dictature. De même que le débat paré de bonnes intentions sur l’identité nationale est mis en place tandis qu’en coulisse on expulse, on méprise, on bafoue - bref on fait de la liquidation d’inventaire -, de même la promulgation continuelle de nouveaux décrets visant à protéger les enfants ne nous évite-t-elle de faire face au scandale de ces 2 millions d’entre eux qui vivent en France sous le seuil de pauvreté ? Un bref rappel est nécessaire.
Antichambre. La Convention internationale des droits de l'enfant (Cide) a été adoptée le 20 novembre 1989, dans le sillage de la chute du Mur. Elle nous rappelle que l'enfance aussi appartient à l'Histoire. Que l'enfant soit un sujet de droit est une évidence récente. La famille, telle qu'elle s'était constituée comme espace nucléique, antichambre du droit social mais aussi comme espace opaque de toutes les violences, ne se transforme sous nos yeux que depuis peu. Que valait une vie d'enfant quand les épidémies et la mortalité infantile n'of