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Libération

L’artichaut, une plante au grand cœur qui a bon fond

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publié le 20 novembre 2009 à 0h00

L’artichaut est doué d’une qualité méconnue : il réalise en un minimum de temps un encombrement maximum, quel que soit son lieu de séjour, cuisine ou jardin. Bouilli, il garnit si rapidement d’une montagne d’épluchures assiettes et poubelles qu’il est exclu de tous les restaurants à grand trafic. Sur pied, il se taille en l’espace d’un printemps un territoire qui ferait vivre une douzaine de poireaux, ce qui le bannit des jardinets. Yann Hermet, responsable du petit carré potager du jardin des Plantes du museum, à Paris, le sait bien. Il vient d’en planter un unique jeune pied (c’est le moment), bien au centre d’une de ses parcelles, et a prévu de ne rien placer autour dans un rayon de 60 centimètres. Ainsi l’artichaut trônera-t-il, en sa terre richement engraissée car il lui en faut pour produire chaque année sa demi-douzaine de têtes.

Une petite pause anatomique s’impose ici tant l’artichaut que l’on mange tient une place à part au rayon des comestibles. Ce n’est ni un fruit, ni un feuillage, ni une graine, ni une racine mais une «inflorescence» que vous achetez au kilo. Les feuilles dont vous mangez la base sont en réalité des bractées, et le foin que vous ôtez est composé de milliers de fleurs qui ne verront jamais le jour autrement qu’à la poubelle… Or donc, si on veut manger de l’artichaut, on lui coupera les têtes deux semaines avant qu’elles n’éclosent. Mais si on cultive cette plante pour son caractère ornemental (chose très tendance), on laissera s’épanouir ses infl