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Libération

Fœtus et coutumes

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publié le 25 novembre 2009 à 0h00

Quand elle a eu son premier enfant, Deguene Fall, aujourd'hui âgée de 32 ans, habitait en France depuis à peine deux ans. Avoir un bébé à 25 ans loin de la famille restée au Sénégal, a été une source d'inquiétudes supplémentaires pour une jeune mère angoissée : «Je n'avais aucune crainte sur le plan médical. Mais j'avais peur de ne pas pouvoir respecter les coutumes de ma culture pendant la grossesse, et du coup que mon enfant prenne un mauvais départ.»

Diplômée d'un master en tourisme, cette jeune Sénégalaise est venue rejoindre son mari restaurateur à Paris. Elle a laissé au pays sa mère et ses précieux conseils. Il y a bien le téléphone, mais comment faire pour les démonstrations de massage ou encore se procurer les gris-gris censés les protéger, elle et le bébé ? Deguene a finalement trouvé sa planche de salut à la maternité des Bluets, dans le XIIe arrondissement parisien.

Dans cet établissement, la gynécologue obstétricienne Claude Egullion a mis en place, depuis 1995, un groupe de paroles, l'Arbre à palabre, pour préparer les femmes de culture étrangère à leur accouchement : «Nous étions confrontés à des problèmes très concrets en salles de naissance, raconte le médecin. L'exemple typique, c'était la maman africaine qui refusait une césarienne, qui prenait ses cliques et ses claques ou parlementait des heures au risque de mettre en danger sa vie et celle de son bébé. Pour une femme venue d'un des pays du Sahel ou d'Afrique de l'Ouest,