Strings ou caleçons apparents, shorts, minijupes et bermudas… les jeunes affichent-ils des tenues de plus en plus indécentes ? Pas forcément, répond Michel Fize, sociologue au CNRS, spécialiste de l'adolescence et auteur de l'Antimanuel d'adolescence (1).
Les jeunes portent-ils des tenues plus indécentes qu’avant ?
Nous sommes dans une société de l'apparence, du look. Chacun est jugé sur la manière dont il se présente aux autres, sur sa tenue. Nous sommes également dans une société hyperérotisée. On ne peut pas s'étonner de voir apparaître des lolitas ou des lolitos [les jeunes garçons qui portent jeans slims, vestes ajustées, chaussures à bouts pointus et cols V, ndlr]. Les plus jeunes vont faire leur marché vestimentaire en regardant ce qui se passe à la télévision. La grand-messe aujourd'hui, c'est le petit écran.
Ensuite, la notion de décence dérape au rythme de l’érotisation sociale. Dans une société qui fait du corps un marqueur identitaire fort avec cette tentation permanente du dévoilement, il est évident que la conséquence est un glissement progressif vers la mise à nu. Puisque désormais le corps est un marqueur identitaire, il faut pouvoir le montrer. Des comportements appartenant à la sphère privée investissent désormais la scène publique. L’exemple du string est manifeste. L’exhibitionnisme est entré dans le monde public. Ce qu’une adolescente des années 60 faisait dans le cadre de sa chambre, comme par exemple se grimer exagérément ou mettre un soutien-gorge alors que ce n’est pas encore nécessaire, elle n