Dans le four, la pâte d'un strudel, une spécialité juive de l'Europe de l'Est, commence à lever. Au-dessus, sur les plaques électriques, ce sont les yoyos tunisiens qui frémissent dans l'huile. Voilà les premières réalisations de l'atelier de pâtisserie orientale de la mairie du XIXe arrondissement de Paris, organisé par l'association les Bâtisseuses de paix. Dans la salle des vins d'honneur, des mères de famille de confession musulmane et juive ont mis la main à la pâte pour fortifier leurs liens dans cet arrondissement qui a vécu de graves tensions entre leurs deux communautés en 2008, soldées par le passage à tabac d'un jeune Juif, rue Petit.
Pendant que les gâteaux cuisent, Annie-Paule Derczansky, présidente de l'association parisienne créée en 2002, explique à la dizaine de dames présentes le but de l'atelier : «Si on se contentait de faire de la pâtisserie, de tenir notre petit salon de thé entre dames, la mairie ne nous aurait pas donné de salle. Ici, c'est un atelier de reconnaissance de l'autre. Pour se construire un avenir ensemble, il faut s'appuyer sur ce qui a été bon dans notre passé. Cela a une valeur pédagogique, pour que les mères transmettent aux enfants ensuite.»
Lors de l’inauguration de cet atelier un mois plus tôt, l’association a ainsi projeté un documentaire racontant le sauvetage de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale par la Grande Mosquée de Paris, qui fournissait aux réfugiés des faux certificats de conversion à l’islam pour