Décembre n'est pas le temps des cerises - on ne va donc pas vous chanter la chanson -, et l'hiver n'est pas la saison des cerisiers en fleurs. Une exception, celle dite «du cerisier d'hiver». Elle est remarquable, et c'est bien pour cela qu'on est restés plantés devant avec le jardinier Robert Pichot, responsable du carré des vivaces au Jardin des plantes du Muséum national d'histoire naturelle. Si on habite à Paris, on peut aller la constater de visu avec huissier : il y a, en bordure du carré des vivaces, près de l'entrée de la rue Buffon, un cerisier qui est incontestablement en fleurs. On ne peut pas le louper, c'est presque le seul arbre du jardin à arborer cet état de grâce, les branches dénudées de feuilles et enchantées d'une myriade de petites fleurs blanches délicates, typiques des cerisiers, pêchers, pruniers, abricotiers et autres arbres du genre prunus.
Certes, la floraison de ce cerisier asiatique n'est pas aussi flamboyante que celle du cerisier du Japon, qui dure quelques jours d'avril et subjugue tant les Nippons qu'ils avaient récemment encore la tradition de fêter l'événement en allant s'enivrer de bière sous ses branchages. «Mais celle du cerisier d'hiver va durer, par intermittence, jusqu'en mars», relève Robert Pichot. Cette majesté hivernale, on l'a compris, ne doit rien à la douceur record de ce mois novembre. Non, le cerisier d'hiver est le roi de la contre-saison. Même la chute des températures sous le zéro (il résiste à - 17°C) ne