Frédérick Hadley est attaché de conservation à l'Historial de la Grande Guerre de Péronne, et spécialiste des jouets du XXe siècle.
Le jouet est-il aussi un support de l’identité nationale ?
Absolument. Le jouet a toujours été un vecteur de transmission de messages forts. Les exemples à travers l’Histoire sont multiples. Ainsi, durant la Première Guerre mondiale, les fabricants de jouets se sont immédiatement et fortement mobilisés, afin de produire des jouets à caractère nationaliste permettant d’inculquer, dès le plus jeune âge, un discours mobilisateur qui explique et justifie la guerre. Ce discours passe par des valeurs et des emblèmes servant d’exemple à suivre comme le drapeau maintes fois repris mais aussi par la haine viscérale de l’ennemi. Les jouets étaient d’une extrême violence, la mort de l’ennemi y était mise en scène dans les jeux de massacres ou de plateau. Il y avait par exemple un jeu de stratégie qui s’appelait «le Maudit», au sein duquel les alliés devaient encercler le kaiser allemand, et ainsi, le tuer symboliquement. Les Allemands étaient systématiquement représentés sous le prisme de la défaite. Le but des adultes était de faire entrer également les enfants en guerre.
Etait-ce une commande de l’Etat français ?
Ce serait trop simple. Les fabricants de jouets ont voulu prendre part à leur manière au conflit et ont ainsi impliqué les jeunes générations. Ils avançaient l’argument de responsabilité. Ils croyaient, e