Ça grouillait de souris dans la vieille liane qui court sur le mur de l'ancienne orangerie du Jardin des Plantes, à Paris. Des souris brunes et grasses au poil ras, l'âge mûr et le cœur vert. Le 22 décembre, fini de rigoler. On les a attrapées par la queue, comme dans la chanson. 294 kilos de récolte, cadeau des jardiniers au personnel du Muséum national d'histoire naturelle. «Une bonne moyenne», dit Michel Flandrin, responsable du jardin alpin où se tient chaque année la chasse à la «souris végétale».
C'est sous ce nom que des horticulteurs avaient tenté de vendre aux Français, dans les années 20, les fruits étranges de la liane chinoise Actinidia, qu'ils avaient acclimatée. Flop. Personne ne veut manger de la souris, bien sûr. Mais du kiwi, oui, comme l'ont pressenti les Néo-Zélandais qui, dans les années 70, ont confié à leur volatile national la mission de conquérir les appétits occidentaux. Gagné, avec l'aide des nutritionnistes, qui ont décliné les vertus vitaminiques du fruit.
Sympathique, l'animal végétal. Et accommodant. Lui qui vient des montagnes d'Asie, il a fait souche aux quatre coins du monde : l'Italie en est aujourd'hui le premier producteur mondial, devant la Nouvelle-Zélande et le Chili, la France tenant honorablement le quatrième rang. Une juste récompense, après tout. Car c'est ici même, au Muséum, qu'ont débarqué en 1740 les premiers échantillons d'Actinidia, expédiés de Chine par le père jésuite Pierre Nicolas Le Chéron d'Incar