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Libération

Un peu con sur l’hellébore

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publié le 15 janvier 2010 à 0h00

Les fêtes sont finies mais la rose de Noël, elle, est plus que jamais là, au Jardin des plantes de Paris - dans les carrés des plantes alpines et des plantes vivaces - et aussi chez les fleuristes. Rare végétal fleurissant au cœur de l’hiver, elle drague le chaland avec ses fleurs blanches en corolle, la tête penchée, l’air humble et virginal, même si des esprits avisés s’étonneront de ses pétales coriaces ourlés de verdâtre et de ses feuilles noires. Débitée en potées, vendues une dizaine d’euros (moins cher qu’un bouquet de roses d’importation), cette plante européenne fait incontestablement florès dans le rôle de la compagne idéale de la galette qu’on offre aux familles et alliés en ces dimanches de janvier.

Las, il nous importe de dire que la rose de Noël est aussi innocente que le loup du Chaperon rouge : c'est un poison violent. On raconte que des anges l'ont créée pour qu'une bergère éplorée l'offre au petit Jésus. Pipeau. Si tel avait été le cas, il n'aurait pas atteint les 33 ans, serait mort sur la paille et non sur la croix. Les Grecs, à qui on ne la fait pas, ont justement nommé cette plante Hellébore (ou Ellébore), de «nourriture» (bore) «qui tue» (helein). Les Anciens le savent d'expérience : remarquant que la consommation d'une infime partie du rhizome met le sujet dans un état second, vomissant ses tripes, délirant, le cœur battant chamade, ils l'ont préconisée pour soigner toutes sortes de maladies réputées incurables, et en particulier la f