Matali Crasset née en 1965 (France). «Chaise», 2009 (Moustache).
(photo Tania et Vincent)
A la question du pourquoi je fais du design, j’aimerais plutôt aborder celle du «pour qui» et «avec qui». Pour qui ? Au-delà de la fonction qui est un minimum syndical, j’entrevois de plus en plus ce métier comme celui d’un accoucheur, d’un maïeuticien. Il s’agit de moins en moins de mettre en forme de la matière - de l’esthétique - mais plutôt de faire émerger et de fédérer, autour de valeurs communes, des réseaux de compétences, de connivence. La majorité de mes projets mettent en évidence cette dimension du travail collectif. Je pense à la Maison des petits au Centquatre à Paris, aux maisons sylvestres pour le Vent des forêts dans la Meuse, à l’école le Blé en herbe à Trebedan en Bretagne. La dimension de plus en plus locale m’intéresse beaucoup, la contemporanéité n’est plus l’apanage exclusif du monde urbain. Je dessine aussi des objets, mais ils ne sont ni le centre ni la finalité du processus de création ; ils en sont une actualisation possible parmi d’autres (une architecture, une scénographie, une exposition) à un moment déterminé, d’un système de pensée plus vaste. Avec qui ? Le designer ne fait pas des projets seuls. Je ne suis pas artiste, même si je développe une pensée autonome. Je prends beaucoup de plaisir à me confronter aux forces de l’usage, à intégrer les contraintes. Mais j’aime aussi développer des complicités avec d