Personnage secret tout autant que mondain impénitent, on ne sait ce qui domine chez Philippe Starck de la roublardise enfantine, de l’ingénuité sophistiquée ou de la redoutable intelligence des situations.
C'est en 1976 que son nom commence d'être murmuré ici ou là. La Main bleue, une discothèque improbable, installée dans un centre commercial à Montreuil fait soudainement danser les nuits parisiennes. Lieu étrange, brutal, métissé et vivifiant dont le «décorateur» est un certain Philippe Starck. Deux ans plus tard, ce sont les Bains Douches qui cèdent à son savoir-faire. Et tout se met alors en place. Aux Bains Douches, Starck démontre à quel point il pressent l'époque qui s'avance et qui va prendre corps dans les années 1980. S'y dessine une nouveauté qui va tuer la nuit - ou du moins lui ôter son innocence, sa spontanéité, sa fraîcheur - le fameux et fumeux carré VIP («Je suis très bon pour comprendre les signes inconscients d'une société», confiera-t-il plus tard à Fabienne Pascaud et Emmanuel Tellier dans une interview accordée à Télérama).
Et puis, en 1984, ce sera le grand coup, celui qui braquera les projecteurs sur le décorateur devenu designer et architecte d’intérieur. Jean-Louis Costes ouvre, face à la fontaine des Innocents, aux Halles, un café qui porte son nom et dont il confie l’aménagement à Starck. Là, Starck démontre que, s’il a tout compris avant tout le monde, il a également saisi mieux que tout le monde. En témoigne cet escalier monument