Verrait-on un vol de mouchoir poursuivi au pénal ? Oui, on l’a déjà vu. Le 26 avril 1791, Charles Gallet est arrêté dans l’église Saint-Paul à Paris - IVe arrondissement - pour en avoir subtilisé un. Le tribunal criminel l’a condamné à une légère peine d’un an de détention.
Si le passé fait table rase, les gens dans le besoin, eux, restent. Ils sont bien vivants dans une exposition (1). Elle se nomme «La Révolution à la poursuite du crime». On n'y voit pas la tête de Gallet, mais les objets de ses collègues de misère. Des pièces à convictions : une fiole, une cordelette, un sifflet et le mouchoir de Charles. Et des portefeuilles. Volés, les portefeuilles. En cuir noir, avec rabat, à lanières, à dorure, à fermeture métallique… Tout cela atterrissait dans un sac en toile de jute. Lorsqu'une affaire est close, le juge avait cette phrase : «L'affaire est dans le sac.»
La délinquance de l'époque concerne indifféremment hommes et femmes explique le livret. Les prévenus appartiennent au «petit peuple». Métiers urbains, classes modestes. Peu sont des marginaux habitués de la rue. Après la suppression des juridictions, il y a eu, certes «un peu plus de gratte-papier, de saute-ruisseau ou de domestiques ayant perdu leur place». Le vol comme moyen de survie.
En France, l'an passé 400 000 personnes ont été laissées sur le carreau. En avril 1791, Jacques Chambert est jugé pour avoir volé un panier de poires d'une valeur de six livres. «Quand un homme est sans