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Libération
Interview

En trois temps, trois sentiments

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Témoignages. Les affinités électives s'épanouissent avec le temps. Se consolident ou se rompent dans les épreuves...
publié le 26 février 2010 à 0h00

La rencontre. Daniel, 52 ans, pharmacien

«J’avais 16 ans quand j’ai rencontré Paul. Mon père m’avait envoyé dans une toute petite pension en Seine-et-Marne, chez les curés. Paul y était déjà depuis un an quand j’ai débarqué en première. Je ne connaissais personne et il faisait partie des gars sympas. Il n’y avait pas de filles dans cette pension, et nous n’étions que vingt élèves.

«On formait une petite bande. Paul ronflait tellement fort qu’il empêchait tout le dortoir de dormir. On lui avait installé son matelas dans le placard à valises. Le soir, il s’installait au piano et jouait du jazz et moi j’adorais ça. On faisait des concours de contrepèteries. Après le bac, la petite bande s’est dispersée. Paul et moi sommes partis faire le sentier de randonnée GR20 en Corse. C’était nos premières vacances sans les parents sur le dos. Puis je suis rentré chez les miens à Vincennes, et lui chez les siens à Deuil-la-Barre.

«A l’époque, on était de bons copains, mais pas encore des amis ni des frères comme aujourd’hui. Comme il faisait ses études à Paris et moi aussi, on était de toutes les bamboulas à la cité U. Et il était invité permanent aux fêtes que j’organisais avec mes frères et sœurs dans la maison de campagne de mes parents. Lui aussi venait d’une famille nombreuse, on se comprenait bien.

«C'est moi qui lui ai présenté sa femme, Claudine. C'était l'une de mes très bonnes copines, et même ma confidente. Claudine s'est rapidement retrouvée enceinte, son père éta