Le monde est coupé en deux. D’un côté ceux qui gardent, de l’autre ceux qui jettent. Et chaque camp toise l’autre avec curiosité. Et aussi une certaine méfiance. Témoin, cette conversation de bureau :
«Ça fait deux ans que j’ai dans mon sac un ticket d’entrée d’un musée à Rome, mon téléphone déborde d’antiques SMS d’amoureux que je recopie dans un petit carnet quand la mémoire est saturée, j’ai toujours des élastiques à cheveux cassés qui traînent, j’ai dans une malle mes cahiers de l’école primaire, des coupures de journaux, des bijoux de camelote achetés ado aux Puces, ou des vieux billets de train…
- Mais tu t’étouffes pas ? Moi, j’aime le vide. Je remplis la corbeille à papiers avec jubilation, je ne garde aucun mail, aucun SMS, ce que j’aime c’est appuyer sur la touche "supprimer". Tous les mois je me débarrasse de certains livres, tous les trois mois, je vide ma penderie et j’inspecte mon frigo tous les jours. Mes enfants se méfient de moi quand ils partent en vacances…
- Quelle horreur !
- Le pire, c’est que ma propre mère me faisait ça, dans mon dos, et que je hurlais, à l’époque. Je suis devenue une jeteuse sur le tard.» Un banal échange devant la machine à café ? Pas si sûr. Les jeteurs fous comme les gardeurs compulsifs taquinent l’intime. Parfois, c’est vrai, avec une propension pathologique (rare).
«Syndrome de Diogène»
«Si les collectionneurs réunissent des objets dans un but précis avec pour certains un souci de possession et de mégalomanie,