Faites-en l'expérience : achetez un détecteur de fumée, installez-le à grand bruit dans la maison ou l'appartement, interpellez l'entourage. Les réactions sont, en gros, toutes les mêmes : «n'importe quoi»,«t'es complètement parano»,«pffff, ça sert à rien»,«la prévention à tous crins, c'est ridicule, on peut pas vivre comme ça». Ah oui ? Sauf qu'il va bien falloir s'y faire, à ces petits appareils ronds et souvent blancs d'une vingtaine d'euros : ils seront obligatoires à partir de 2015, ainsi ont parlé l'Assemblée et le Sénat fin février, à la grande satisfaction de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers (FNSP) : «En France, on a tendance à dire : "Je n'ai jamais eu d'accident, jamais vu d'incendie, etc." On est assez hostiles au principe de prévention, explique Jean-Luc Queyla, chef du groupement des sapeurs-pompiers du Grand Avignon, animateur de la commission de prévention de la FNSP. Quand on sait que les incendies en France ont causé 10 000 victimes en 2008, dont 800 morts, parmi lesquels un tiers de moins de 14 ans, on peut réfléchir aux systèmes de prévention.» Le détecteur de fumée en fait partie, pourvu qu'il ait la marque NF EN 14604. Pour l'instant, seuls 2% des foyers (si on ose dire) français en sont équipés, ce qui est bien peu au regard des quasi 90% des Anglo-Saxons, et presque 100% des Scandinaves. Un retard qui s'explique «sans doute parce que les constructeurs français n'étaient pas prêts,