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Interview

«Les jeunes ne sont plus intéressés par l’outil-ordi»

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Informatique. Jean-Noël Lafargue, expert en technologies, analyse l’attitude de consommateurs passifs des 16-25 ans, moins bidouilleurs-hackers que leurs aînés :
publié le 10 mars 2010 à 0h00

On les croyait geek jusqu'au tréfonds de leur mémoire. On les tenait pour des surdoués du clavier. Première génération à avoir grandi avec le numérique, les digital natives (natifs numériques) seraient, dit-on, intuitivement à l'aise avec les nouvelles technologies (ordinateur, téléphone portable, Internet). Un mythe aujourd'hui relativisé par plusieurs études, dont celle réalisée récemment par la fondation Travail et Technologie de Namur (Belgique), qui rapporte que les pratiques des 16-25 ans sont dominées par la communication et la récréation. Un regard que partage Jean-Noël Lafargue, 42 ans, expert en technologies et maître de conférence depuis 1996, notamment à l'université Paris-8 et à l'école supérieure d'Arts du Havre. Selon lui, les jeunes seraient davantage des «digital naives».

La génération «digital natives» n’existerait pas ?

Ils existent. Mais selon moi, ils sont beaucoup moins compétents qu’on le croit.

Qu’est-ce qui est caractéristique de leur approche et leur usage du numérique ?

La facilité. Aux débuts de l’informatique, il y a trente ans, l’ordinateur servait presque uniquement à programmer, à fabriquer des choses. On inventait, découvrait, défrichait. Pour ma génération, l’ordinateur a été une conquête. On l’a vu arriver chez nous. Pour les étudiants d’aujourd’hui, ça existe depuis toujours. Ils baignent dedans, c’est leur univers et ils ne le remettent pas en question. La plupart ne sont pas intéressés par le fait d’utiliser l’ordinateur comme outil. Plus ça va, plus il devient un média. Moins on fabrique et plus on consomme. Et les jeunes sont essentiellement bons p