La mandragore est une plante véritablement magique. Cette conclusion s'est imposée à nous, foudroyante, alors que Robert Pichot, jardinier, nous présentait deux mandragores qui poussent sous son contrôle au Jardin des plantes du Museum national d'histoire naturelle, à Paris. «C'est le moment de venir les voir, nous avait-il dit , elles sont en fleurs».
Une invitation comme ça ne se décline pas. On avait rangé la mandragore au rayon des dragons, licornes et autres créatures fantastiques. C’était un peu comme si J. K. Rowling nous conviait à prendre le thé dans les jardins de Poudlard. On y aurait rencontré les mandragores au cri qui tue, dignes héritières de celles du Moyen Age sauf qu’à cette époque elles n’étaient pas cultivées en pots signés Potter mais naissaient de la semence des pendus. On aurait constaté que leurs racines charnues sont des corps - avec bras et jambes. On aurait déploré qu’on n’en tire plus que des jus pour dépétrifier les potes d’Harry alors que les sorcières d’antan en faisaient des philtres d’amour. On a donc couru voir les mandragores du Jardin des plantes.
Et là, coup de tonnerre. Mauvais trip. Mandragorus officinalus est un végétal aussi spectaculaire qu'un plant de patate, les feuilles vertes étalées au ras du sol avec au centre des fleurs jaunasses ridicules. «C'est une solanacée, comme la pomme de terre et la tomate», explique Robert Pichot. Ah. «Elle va pousser un peu, dans les cinquante centimètr