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Libération

Soucoupe volée dans une brasserie parisienne

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publié le 15 mars 2010 à 0h00

C'est un voleur d'addition. Beaucoup de bruit pour un maigre larcin. Mardi matin. 10 h 15. Le soleil chauffe doucement les fauteuils brun crème de cette brasserie un peu au-dessus du lot, place Denfert-Rochereau à Paris (XIVe arrondissement). Plats du jour à l'ardoise (bavette crème d'échalottes à 16,50 euros, crème brûlée à 6 euros), serveurs à l'ancienne, clientèle d'habitués. Sur la terrasse chauffée, les clients peuvent fumer. Il y a la musique atténuée de la FM, les bruits de la vapeur du percolateur. Soudain, une voix traverse la torpeur matinale, dérange le zinc, bouscule les lecteurs de quotidiens sur baguettes de bois, transperce cette douceur.

«Vous êtes un voleur ! J'vous ai vu !» La voix tonne. C'est celle d'un serveur, jeune - 25 ans - qui s'en prend à un homme, son double d'âge à vue de nez. Ils sont face à face. Le serveur prend à témoin son collègue, avance vers lui en poussant le «voleur»des deux bras. Il met un doigt sur son œil, manière de signifier qu'il n'a pas ses yeux dans sa poche.

«Je vous ai vu, continue-t-il. Vous avez pris l'argent dans la soucoupe. Ne me racontez pas d'histoires. Vous avez volé l'argent d'un autre. Le monsieur qui était à la table à côté, il vient tous les jours, je le connais. Il a laissé ce qu'il devait.» Il le dit haut et fort pour que tout le monde entende, et tout le monde entend, écoute et se retourne sur le «voleur» qui doit, à l'heure où tout le monde le regarde, avoir