Ce sont des histoires qui débordent la médecine. Bousculent les convictions. Désirer un enfant quand on est très malade, ou mourant, quand on n'a plus l'âge biologique de procréer, vouloir sauver la vie d'un proche en donnant son foie au risque de sa propre existence… Des demandes individuelles viennent de plus en plus souvent heurter les grands principes éthiques. Particulièrement dans le domaine de l'assistance médicale à la procréation (AMP). Au Centre d'éthique clinique de l'hôpital Cochin à Paris, fondé par Véronique Fournier, une équipe pluridisciplinaire composée de médecins, de juristes, de philosophes, de sociologues, entend et recueille ces histoires de vie. En voici certaines, parmi les plus représentatives, présentées dans le livre de Véronique Fournier, le Bazar bioéthique (1).
Trop vieux pour être père ?
C’est un couple que trente-huit années séparent. Lui a 67 ans, elle, 29. Jean et Irène (2) se sont connus à l’université, où ils enseignaient tous les deux. Lui avait déjà eu deux enfants, adultes aujourd’hui, avec sa première femme. C’est pourquoi, à 60 ans, quand on lui a découvert un cancer de la prostate, il a refusé la conservation de son sperme.
Remis de la maladie, mais stérile, il a rencontré Irène. Tous deux disent s'aimer d'un «amour à enfant». Le couple s'adresse donc à une banque de sperme, mais les Centres d'études et de conservation des œufs et du sperme (Cecos) n'acceptent pas les demandes des couples dont l'homme a de plus de 60 ans. Jean et Irène viennent