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Libération
Interview

«Il faut faire confiance aux familles»

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Véronique Fournier, fondatrice du Centre d’éthique clinique de l’hôpital Cochin :
publié le 19 mars 2010 à 0h00

Véronique Fournier, cardiologue, médecin de santé publique, a fondé en 2002 le Centre d'éthique clinique de l'hôpital Cochin à Paris. Elle publie, lundi, chez Robert Laffont, le Bazar bioéthique, un recueil de ces «histoires de vie qui bouleversent la morale publique». Un livre troublant et utile à l'heure de la révision des lois de bioéthique prévue en 2010, alors qu'un gigantesque colloque pluridisciplinaire sur le sujet s'est ouvert hier à Paris (1).

Vous réfléchissez à partir de cas concrets. Les grands principes sont-ils insuffisants, en bioéthique ?

En France, on a l’habitude de réfléchir aux questions de bioéthique à partir de grands principes, mais sans prendre en compte ceux qui en subissent les conséquences dans leur chair. On a longtemps pensé que la meilleure façon de protéger le patient était de laisser le médecin décider pour lui. La loi de 2002 sur le droit des malades a cassé ce paternalisme médical. Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que cela a été une bonne chose. Je pense qu’il faudrait repenser la loi de bioéthique de la même façon, en fonction des gens qui vivent ces situations.

Face aux histoires des familles que vous rencontrez, vous dites votre difficulté à porter un jugement éthique.

Je n'ai pas de certitude éthique. Au sein du groupe, sur les questions d'assistance médicale à la procréation (AMP), nous ne sommes jamais d'accord. Certains sont gênés par le désir d'une femme seule quadragénaire de faire un enfant, d'autres par une différence de quarante ans entre l'homme et la femme… Ce sont sur ces sujets de l'AMP que les débats sont le plus enflammés. Je ne suis pas sûre qu'il revienne à la société de décider de ce qui est bien ou pas