Quand on achète un maigre bouquet de deux branches de mimosa au prix «cassé» de 4 euros, on peine à imaginer qu’on tient en main une plante envahissante. Et pourtant, c’est la vérité vraie, du moins du côté de la Côte d’Azur. Là, le mimosa est devenu une nuisance d’après les experts de la biodiversité hexagonale qui l’ont récemment classé «espèce invasive avérée». Il y a débarqué d’Australie dans les années 1880 pour embaumer les jardins chics de la Riviera, avant de faire carrière dans la parfumerie, à Grasse. Des hectares sont plantés, le mimosa prospère sous le climat méridional qui lui rappelle celui des Montagnes bleues, à l’ouest de Sidney, où il fait 13 degrés l’hiver et 30 l’été. Tant et si bien qu’il s’ensauvage, s’élance à l’assaut des Maures et de l’Esterel, forme des forêts impénétrables, donne son nom à Bormes-les-Mimosas (Var), et mange l’espace, l’air et l’eau d’honnêtes plantes locales.
Ici une pause s'impose. Pour ne pas alimenter les sentiments xénophobes qui font florès dans la région Paca, on citera utilement le botaniste du Museum national d'histoire naturelle, Pierre-Henri Gouyon, rappelant, en 1989, les grandes migrations mondiales de la flore : «Toutes les espèces sont ou ont été des envahisseurs à un moment ou un autre de leur histoire.» Le mimosa, donc, est un envahisseur, en ce moment, dans le sud de la France. Si on habite à Paris et que l'on veut se faire une idée du phénomène, direction le Jardin des Plantes. Adossé à un vieux mur ensole