On dit qu’elles piquent, ce n’est pas faux, qu’elles sont méchantes, c’est une autre histoire. Sous prétexte du feu qu’elles portent en elles, des chaleurs qui les hantent et qu’elles vous communiquent volontiers au premier attouchement, les voilà jugées mauvaises filles, mauvaises graines, mauvaises herbes, il n’en faut pas beaucoup, souventement quelques baisers suffisent, pour vous tailler mauvaise réputation. Les mal aimées, les rejetées, ne poussent pas dans les jardins, ou quand cela arrive les jardiniers voient l’intrusion d’un mauvais œil, ils ne supportent pas l’offense faite à leurs plantes bandes sur lesquelles la règle veut que personne sinon eux ne vienne donc marcher.
Elles ont pourtant, les bougresses, de si mignonnes petites fleurs, quand elles s’y mettent. Toutes en discrétion. De même que pour la senteur, il vous faudra tenter une approche risquée pour y goûter, du bout du nez affleurant, c’est le cas de le dire, l’urticante haleine de la dame. Elles ne sont pas domestiques, donc. Comme je l’ai dit les jardins ne sont pas pour leurs jeux, leurs campements sauvages sont exclus des droites plantations… poussent dans les terrains que l’on dit vagues… et pratiquement n’importe où. Elles sont amies des décombres et des ruines, des sous-bois, des haies en bord de champs, en lisières de tout. Elles sont capables, j’en ai surpris, de lever le nez dans une faille de trottoir.
Pourtant, mauvaise réputation ou non, on en a tout fait. Du fourrage, du tissage, du fumier,