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Libération

Sortir avec sa Jaguar dans Charleroi, c’est prendre des risques…

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publié le 12 avril 2010 à 0h00

C'est juste une phrase dans un jugement. «Il n'est peut-être pas raisonnable d'attirer l'attention sur soi en circulant en Jaguar et en vivant dans une belle maison, en affichant ostensiblement sa prospérité dans une région économiquement pauvre et sinistrée comme l'est celle de Charleroi.» Cela se passe en Belgique. Le 20 mars, une magistrate du tribunal civil de Charleroi renvoie ainsi la victime de plusieurs actes de violences, notamment de car-jacking, dans ses cordes. Et à sa propre responsabilité. Ce que sous-tend cette décision, c'est cela. Tu as provoqué la tentation, tu la paies aujourd'hui. N'utilise pas ton stylo Mont Blanc à l'école (1), ne te promène pas dans les manifs avec des MP3 sur la tête (2), ne sors pas avec une Rolex au poignet dans des quartiers chic mais peu fréquentés (3), ne porte pas une minijupe un peu trop courte (4). On dirait l'Ancien Testament.

En rédigeant son jugement, la magistrate a, sans le savoir, provoqué d'immenses dégâts collatéraux. «Je propose l'interdiction aux personnes à hauts revenus de s'établir à Charleroi», a écrit un internaute. Un autre cite le Wall Street Journal : «Charleroi is the most depressing place in Europe.» Le responsable relations publiques de la marque Jaguar s'est étranglé pendant son week-end à la campagne. Il a appris l'affaire dans la Libre Belgique. Il a recraché tout son café sur la table de la véranda. Il a tout salopé. On peut lire sa réaction sur Vroom.be/fr.