Cette fois, tante Germaine, on vous tient. Vous, qui pensiez avoir emporté pour l’éternité votre recette fétiche au Panthéon des cordons-bleus, allez nous maudire devant vos fourneaux célestes. On vous a enfin chipé votre recette de jambon à la tomate ! Diantre, c’est un peu comme si on avait trouvé la pierre philosophale, confessé la mère Brazier ou percé le secret du far breton de Gérard Lefort où les pruneaux ne retombent pas au fond de la pâte. C’est qu’elle nous turlupine depuis un bail cette recette. On a tout essayé pour la reproduire. Jambon racorni, sauce trop liquide ou trop épaisse, c’était toujours un bide, que le jambon fût à l’os ou sous cellophane, la tomate fraîche en boîte ou en concentré.
gâte-sauce. On a aussi usé toutes nos vieilles ruses comme le roux blond avec beurre, farine, addition de bouillon et de vin blanc ou le beurre manié qui est un recours précieux pour les sauces en perdition. En vain. Pour un gâte-sauce se respectant, un galop d'essai culinaire qui finit à la poubelle est pire avanie que se prendre un râteau au Barracuda d'Yssingeaux.
Certes, on n’a pas le déshonneur suicidaire comme Vatel se transperçant à l’épée pour une histoire de poissons arrivés trop tard pour une fête en l’honneur de Louis XIV. Mais franchement, il y a des fois où l’on a eu envie de s’achever avec un grec-frites sur le boulevard quand le frichti sur lequel on avait trimé tournait au navet dans l’assiette de nos hôtes.
Ainsi, on a fini par mettre ce plat