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Libération

Sous les pavots, l’Islande

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publié le 23 avril 2010 à 0h00

Alors que l’Europe levait les yeux au ciel, cette semaine, scrutant le panache invisible d’un volcan imprononçable, un nuage a enflammé les terres du Muséum national d’histoire naturelle, à Paris. En l’espace de quelques jours, de part et d’autre de l’allée centrale du Jardin des plantes, 8 000 pieds de pavots sont entrés en floraison. Leurs boutons ont jailli de leur gangue de sépales brunis, libérant leurs quatre pétales et déversant sur le jardin une coulée aux couleurs pétantes - rouge, orange, vermillon - qui devrait se maintenir, selon le jardinier Mathieu Cottereau, jusqu’au mois de juin.

Ainsi fleurit Papaver nudicaule, le pavot d'Islande. Et oui, il en vient. Il se porte à merveille dans ce jardin tout confort, balançant sa tête en papier de soie froissée au-dessus d'un gazon tondu au petit poil. Mais c'est un natif des terres pauvres subarctiques. Il est le roi des sols volcaniques et on l'imagine magnifique sur fond noir basaltique et décor d'Eyjafjallajökull. Vivace, il supporte les très grands froids. Planté plein soleil, il se nourrit de peu, produit beaucoup de graines qu'il essaime en secouant à tous vents son fruit en forme de salière. «Quand vous voyez une capsule de cette forme, vous savez que vous avez affaire à un Papaver», dit Michel Flandrin, responsable du Jardin alpin du Muséum.

Là poussent une quinzaine d'espèces de pavot, certaines vivaces, d'autres annuelles. Toutes sont moins précoces que celle d'Islande et aucune plus célèbre que