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«Mon ami, c’est affreux : Rac est malade, elle a les oreilles et le nez chauds»

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publié le 26 avril 2010 à 0h00

Les vacances permettent les arrêts, la réflexion. L'étymologie du sens de cette chronique manquait à l'appel. Les écrivains en usent. Tel Joseph de Maistre. «Nous sommes bien chaussés, bien vêtus et payés ric-rac. Il y a du froment, du riz, de la polenta. On met de la viande au pot, et l'on boit souvent le petit coup.»Louis-Ferdinand Céline s'autorise, dans Mort à crédit, un : «On avait tout juste pour la croûte et encore c'était ric-rac.»

«Ric-rac» serait apparu au XVe siècle sous la forme «ric à rac». Le radical onomatopéique «rik» est lié à la petitesse. Au XVIIe siècle, il se mue en «ric à ric». Au XVIIIe, il devient «ric et rac». Sur le site Expressio.fr, qui décortique les expressions, les commentaires volent haut. Bridge précise : «Ric semble signifier exact» et rac plutôt «ras ou court».«Ric à ric», c'est l'exactitude rigoureuse, soit «pile-poil». «Ric à rac», c'est «tout juste exact». A la limite de l'insuffisance.

Jean Grondard, en 1932, est l'auteur d'un brillant opus,la Vie romancée de Ric et Rac. Ric est chien. Rac, chienne. On est allés voir ce qu'il y avait dedans. Et bien il y a ce dialogue édifiant entre Marceline et Jacques, son «ami» :

«Marceline qu’avez-vous ?

- Mon ami c’est affreux : Rac est malade. Cette pauvre petite a eu mal au cœur, elle n’a pas déjeuné ; elle a les oreilles et le nez chauds ; elle est couchée dans sa corbeille et ne veut ni manger,