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Libération

L’aile ou la pinte

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Les foodingues. Tous les jeudis, passage en cuisine. Aujourd’hui, cocotte et bonne bibine.
Visitors toast each other on a sunny day during Oktoberfest in Munich, September 27, 2008. Millions of beer drinkers from around the world will come to the Bavarian capital Munich for the world's biggest and most famous beer festival, "Oktoberfest", that runs until October 5. REUTERS/Kai Pfaffenbach (GERMANY) (Kai Pfaffenbach / Reuters)
publié le 29 avril 2010 à 0h00

Si, à 50 ans, vous n'avez pas goûté le grand bonheur d'une bonne bière du Nord sur un morceau de poisson fumé, alors il est temps de remiser votre Rolex, le temps de l'une de ces petites fugues qui vous ravaudent l'humeur quand elle est décousue. Prenez un aller simple pour la Côte d'Opale, du côté de Boulogne-sur-Mer, dans ce pays où l'on regarde passer les harengs avant de les fumer. C'est le souvenir du mariage heureux d'un kipper de chez JC David (1), une fameuse saurisserie de Boulogne et d'une bière de Christophe Noyon, qui nous a mis sur la route de la brasserie artisanale des 2 Caps (2), un matin d'avril. Un crachin glacé enrobe la baie de Wissant et le cap Gris Nez. On descend vers la mer, couleur bronze, au milieu des labours gras et des prairies sombres, où la bruine devenue pluie drue cingle les arbrisseaux, à l'orée de la plage du Châtelet. La ferme de Belle Dalle est posée un peu plus haut. Belle demeure en L, taillée dans la pierre de Baincthun, avec en son centre un vaillant pigeonnier. Christophe Noyon est né et a grandi ici avant de suivre des études d'ingénieur agricole. Il a travaillé treize ans pour une grande firme américaine puis il est revenu sur ses terres natales pour créer sa brasserie artisanale. De prime abord, faire de la bière ne paraît pas bien sorcier : il faut de l'eau, du malt issu de l'orge germée, de la levure, du houblon et vogue la fermentation. Sauf que c'est un métier très exigeant pour qui veut brasser autre chose que de la bibine.