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Diplômes : le fantôme de l’apparat

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Toques. Cachées derrière une prétendue tradition millénaire, des universités françaises tentent de se redonner du lustre en organisant des cérémonies de fin d’études à l’américaine.
Des étudiants se font remettre leur diplôme de doctorat le 31 mars 2010 à la Sorbonne à Paris. (AFP Bertrand Guay)
publié le 3 mai 2010 à 0h00

Le président de l’université termine son discours ; une centaine d’étudiants montent sur l’estrade à l’appel de leur nom. Ils sont élégants, mais pas autant que leurs professeurs en robe rouge et jabot en dentelle. On leur tend leur diplôme ceint d’un ruban bleu, ils écoutent, silencieux, quelques mots de félicitations. Harvard ? Berkeley ? Que nenni, on est à l’Institut d’administration des entreprises (IAE) de l’université Jean-Moulin de Lyon, qui, le 9 avril, a mis à l’honneur ses jeunes titulaires d’une licence professionnelle. Nantes, Nancy-Metz, Paris-V-Descartes ou encore Poitiers mettent en place des cérémonies du même genre depuis quelques années, la plupart du temps pour des remises de diplôme de doctorat. En juin, pour la deuxième fois, ce sera au tour des jeunes docteurs de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie d’enfiler toges et toques pour la fin de leurs études.

MYTHE. Nos universités verseraient-elles dans la mise en scène à l'américaine ? Elles nient en bloc. «C'est une vieille tradition française», affirme Yves Lecointe, président de l'université de Nantes. Même son de cloche chez Axel Kahn, président de Paris-Descartes, qui voit dans ce décorum une façon de s'inscrire dans «une filiation avec le XIIIe siècle, où naît l'université de Paris». Christophe Charle, professeur d'histoire contemporaine à Paris I et coauteur d'Histoire des universités («Que sais-je ?»), tempère : «On se réclame d'une tradition qui