«Une bille rouge, translucide et tremblante qui vous nargue à la pointe de la langue, soit elle se dissimule, soit elle s’exhibe.»
Encore ? «Une guimauve fraise, qui sans cesse remet l'eau à la bouche. Le plaisir de sucer un cœur mou, de mastiquer un ours brun, de déglutir après le passage emporté d'une réglisse poivrée.» Alors heureux(se) ? «Ou bien ce sera l'orgie Tagada, de menthe fondante, d'anis mélangé à l'eucalyptus…» Ainsi débute cette ode aux délices de Pierre Skira, Rêves sucrés…, bonbons et sucettes du monde (ed. Viviane Hamy).
Preuve que du bonbon, on ne retient que le bon, pas les moments de «pouah», quand on recrachait les fourrés aux fruits frelatés de grand-mamie. Comme nous, Skira rend aux sucreries un hommage aussi sensuel en bouche qu'un Mi-cho-ko, aussi coloré qu'un sucre d'orge, aussi acidulé qu'un bonbon Kréma, aussi voluptueux qu'un toffie…
Pierre Skira, pastelliste, aquarelliste, a longtemps collectionné les bonbons du monde, qui ont fait concurrence à ses pastels rangés dans ses casses d'imprimeur. Avant de revisiter ses souvenirs d'enfance, jalonnés de sucreries. «Le bonbon excédera toujours ses propres rivages de papier froissé et de senteurs fugaces, à la rencontre des chimères, des fantaisies, des fables. C'est un destin étrange pour une modeste friandise que de marquer les étapes d'une vie.»
Des bobos de quand on était petit aux émois et peines de l’adolescence, en passant par les g