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Libération
LE BON PLANT

Le lilas, pas si commun

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Flickr/Gusjer
publié le 14 mai 2010 à 0h00

Nul ne songerait à faire le voyage pour voir les neuf petits lilas qui jouent au quatre coins dans l’allée centrale du Jardin des plantes, à Paris. C’est sympa, le lilas. Florifère, parfumé, printanier. Mais si banal avec ses grosses grappes de fleurs qui chantent les demi-tons du mauve au blanc, dans tous les jardins de l’Hexagone, et jusque dans nos friches.

«Il n'y a rien à faire de spécial pour que ça pousse, opine Lætitia Bontaz, 27 ans, embauchée il y a cinq ans par le Museum national d'histoire naturelle avec un CAP d'horticulture en poche. Là, sur les lilas, j'enlève juste les branches mortes, question d'esthétique, c'est tout. Et ça fleurit.» Un sol ordinaire au soleil ou mi-ombre, un peu calcaire même. Moins on taille et plus ça donne : les fleurs se forment sur les branches nées l'été précédent. Bref, on ne s'étonnera pas d'apprendre que les lilas de nos jardins sont des «lilas français» dérivés de l'espèce Syringa vulgaris, alias «lilas commun».

Sauf qu'il y a cent ans, ils n'étaient ni français ni communs. Ils doivent ces deux qualités à la patience de trois générations de Lorrains. Zoom sur le village de Delme, près de Nancy. Ici naît en 1823 Victor Lemoine. Fils de pépiniéristes, il part après ses études apprendre le métier d'hybrideur à Gand, en Belgique, chez Van Houtte, figure de l'horticulture, chasseur de plantes en Amérique. A 26 ans, Victor revient au pays, se marie, achète un terrain près de Nancy, et se lance