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Libération
la vie ric-rac

Des toiles pour immortaliser ceux qui dorment dehors

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publié le 17 mai 2010 à 0h00

C'est un type qui ne voit pas les choses comme tout le monde. Il est artiste. Il dessine et peint, d'un pinceau réaliste. Guy Matchoro a 45 ans. A son âge, et malgré son expérience, pour son dernier projet, il s'est retrouvé à court de peintures. «Je pensais m'en sortir seulement avec trois couleurs.» Il a vite déchanté. «Parfois, le carrelage est rouge, le sac de couchage bleu, et leur couverture rose.» Pour qui cette palette ? Des gens dont la vie est plus souvent dans le gris. Guy Matchoro a peint des sans-abri. Il dit d'eux que ce sont des gens qui n'ont jamais le «choix de leurs couleurs». Parce ce que ce qu'ils portent, c'est généralement ce qu'on leur a donné, et qu'ils n'en ont pas décidé autrement. C'est ça ou rien.

Ce qu'on voit d'eux, ce sont des formes. Enveloppées dans un duvet, une couverture, près d'une bouche d'aération, elles dorment. La tête appuyée contre un dossier, une fenêtre, posée sur leurs coudes croisés, calée sur des sièges. Guy Matchoro a donné des noms à ses tableaux, au plus près des stations de métro où il a trouvé ses modèles. Celui-là s'appelle République, cet autre Liberté, ce troisième Assemblée nationale. Il a trouvé «obscène» de voir un «mec allongé» sous le mot Palais-Royal. Alors il a montré «ceux qui n'ont jamais voix au chapitre».

Parti au Japon il y a deux ans, le peintre a marché de Tokyo à Hiroshima et a rencontré beaucoup de gens qui vivaient ainsi. A s