Avec Internet, le plagiat est devenu un fléau, y compris à l’université. Etudiants et universitaires piochent allégrement, les logiciels anti-plagiat sont dépassés. En 2005, lors d’un jury de soutenance, Jean-Noël Darde, maître de conférences à Paris 8, se retrouve à juger des mémoires plagiés. Devant la passivité de ses pairs, il décide de partir débusquer les plagiats, pour enfin faire bouger les choses. Et en décembre 2009, il lance son blog : Archéologie du copier-coller, sur les traces, en Suisse, de Michelle Bergadaà, professeure à l’université de Genève (1). Entretien.
Connaît-on le pourcentage des thèses et des mémoires plagiés ?
C'est un phénomène important. L'année 2005-2006, alors que je ne m'intéressais qu'aux mémoires, sur un peu plus de trente, une dizaine étaient problématiques. S'agissant des thèses [de doctorat, ndlr] liées à mon département Hypermédia (associé aux sciences de l'information et de la communication), j'estime que 50% posent des problèmes qui auraient dû être résolus avant leur soutenance. Mais toutes les disciplines sont touchées. Je reçois de nombreux mails de collègues - en mathématiques, en informatique, en histoire médiévale, grammaire latine, etc. Le plus grave, ce sont les effets pervers. Dans un labo où l'on découvre une thèse-plagiat, l'ensemble des thèses se retrouvent dévaluées. Pour me limiter aux deux thèses-plagiat de Paris 8 étudiées dans mon blog, le laboratoire dont elles sont issues a aussi produit des thèses excellentes.
Du coup, certains hésitent à briser la loi du silence : s’i