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Libération

La coopérative de la resquille

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Métro. Des militants constitués en petits groupes sautent les portillons et se cotisent pour payer les amendes, revendiquant la gratuité des transports en commun.
(Flickr / ostromentsky)
par Antoine Lannuzel et Fabien Paillot
publié le 25 mai 2010 à 0h00

Ce sont des fraudeurs. Des resquilleurs qui enjambent ou sautent les portiques de sécurité du métro, entrent par la sortie, et ne se séparent jamais de leur kit de survie : un ticket non composté, parce que «quand tu te fais contrôler, l'amende est moins forte si tu présentes un titre de transport, même vierge». Des petites bandes qui s'échangent des tuyaux pour éviter les stations «à risque».«A Châtelet, tu as toutes les chances de te faire contrôler», dit l'un. «Et bizarrement, ajoute un autre, beaucoup plus en banlieue que dans les quartiers chics de Paris.» De simples petits tricheurs des transports en commun ?Point. Des défenseurs d'un nouveau genre de la fraude organisée, des militants de la gratuité, adhérents de mutuelles qui se partagent les amendes en cas de coup dur : un contrôle.

Combien sont-ils ? Qui sont-ils ? Avant d'accepter une rencontre, ils se sont réunis, concertés. Faut-il «communiquer» ? Un collectif parisien a fini par accepter. Trois membres de longue date ont été désignés. Rendez-vous pris dans un troquet, aux portes de la capitale. Discrétion oblige, ils préfèrent garder l'anonymat. «Ce qui compte, c'est le collectif et ce pour quoi nous militons», précise d'emblée Arsène (1). Ne nous méprenons pas. Ces quidams ne fraudent pas pour le plaisir d'une séance de gymnastique offerte quotidiennement par la RATP. Ils revendiquent un accès libre et gratuit aux transports en commun. Un mot d'ordre qu'ils appliquen