Menu
Libération

Lettres et le séant

Article réservé aux abonnés
Chair. Parution demain d’un «Dictionnaire des mots du sexe». De quoi rêver d’être un Mozart de la fourrette ou se plaindre, avec élégance, d’un scoubidou de sous-officier de réserve.
Des participant(es) au Championnat du monde des plus belles fesses, en 2007 à Munich. (© AFP Joerg Koch)
publié le 2 juin 2010 à 0h00

Cette collectionneuse a ramassé des milliers d'expressions. Ses préférées ? «Aller faire un tour aux neiges éternelles»,«faire partie de la bande à Ripolin» ou «y avoir quelque poussière dans la flûte»… Pour Agnès Pierron, ce goût pour les mots du sexe, ceux qu'on a en bouche, remonte à loin.

Dans les années 70, elle participe à un stage de théâtre. Un matin, Arlette, une copine, revient de la douche, hilare, et balance que le rôle-titre de la pièce, le prince Adam «marquait midi et quart». Agnès Pierron, la vingtaine, un peu «oie blanche à l'époque», reste coite. Un peu vexée, sans doute. Elle ne sait pas ce que l'expression veut dire. Quarante ans après, la linguiste a pris une belle revanche. Docteur ès lettres, dramaturge, familière du monde du cirque, ou du guignol, elle est l'auteure d'un Dictionnaire des mots du sexe de 923 pages qui paraît demain chez Balland (1). Bouffe, religion, corps, artisanat, fruits et légumes, jeux et sports, bestiaire, argent s'y succèdent. Avec bonheur et cocasserie.

Déjà auteure d'un Dictionnaire de la langue du théâtre, Agnès Pierron a travaillé «à corps perdu» avec «un acharnement diabolique» à cette somme. Elle a beaucoup lu mais est aussi allée chercher «de l'inédit» en dehors de la littérature, chez une prostituée, un «baltringue du théâtre» et un body-builder. Cela lui a permis de recueillir différents niveaux de langue, si on pe