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Libération

Le rouge et la Noire

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Cru. A Stellenbosch, Ntsiki Biyela, 32 ans, est la première viticultrice zouloue.
publié le 4 juin 2010 à 0h00

Parmi la multitude de domaines qui constellent les environs de Stellenbosch, ville universitaire au nord du Cap, plusieurs portent des noms français. ll y en a un qui s’appelle L’Avenir. Ce n’est pas celui où travaille Ntsiki Biyela, 32 ans, mais le rapprochement est tentant : la jeune femme est la première Noire d’Afrique du Sud, trois siècles et demi après que Jan Van Riebeeck a introduit la consommation de vin dans les mœurs locales, à avoir pris la tête d’une maison vinicole.

Cidre. En fonction depuis six ans, Ntsiki Biyela a développé au fil du temps une philosophie volontariste qui lui va bien. «Bien sûr, femme et noire sont deux caractéristiques qui n'ont pas fini de détonner dans ce secteur. Il arrive encore que je vienne accueillir des visiteurs qui demeurent incrédules lorsque je me présente et demandent à voir le patron. Mais j'évite de me focaliser sur ce type de réaction et continue de lutter à mon niveau contre l'ignorance et les préjugés.» Directeur d'une cave du Cap-occidental, Zakkie Bester porte sur cette ascension spectaculaire un regard circonspect : «Elle incarne d'une certaine manière ce que les gens ont envie de voir de nos jours, avec un côté glamour auquel les médias ont été sensibles. Une fois l'effet d'annonce estompé, il faut chaque jour faire le boulot et, à cet égard, on peut signaler qu'elle a suivi une bonne formation.»

Ntsiki Biyela, qui l'eut cru, part de loin. Elevée par sa grand-mère dans un milieu modeste