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Libération
EDITORIAL

Crise de croissance

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publié le 9 juin 2010 à 0h00

Bientôt 500 millions d’accros et moi et moi et moi… De tous les «ogres» d’Internet, Facebook est peut-être le plus fascinant. Comment une page sur la Toile où - pour faire court - on partage ses humeurs et ses photos avec ses «amis» sélectionnés sur le volet devient-elle le must absolu de tous les internautes de la planète ? La réponse se trouve dans la nouvelle définition que le Web a donnée à «réseau social», celle d’un espace illimité dans la sphère numérique devenu le carrefour indispensable du «happening» mondial pour des générations qui passent les trois quarts de leur journée devant un écran. Le secret de Facebook et des autres - MySpace avant lui -, c’est d’avoir su créer un lieu d’échange d’informations personnelles et professionnelles, immédiatement accessibles à tous, avec pour ses membres ce drôle de sentiment d’appartenir à un club à la fois select et populaire. Mais le problème de Facebook, c’est qu’il n’a pas su grandir. Dépassé par son succès, Mark Zuckerberg, son créateur, n’a pas vu venir les polémiques sur la gestion commerciale des milliards de données privées dont il était soudain le récipiendaire. Son mélange de cynisme et de provoc à outrance n’a pas suffi à calmer les esprits. A trop vouloir contrôler et utiliser une communauté qui s’était trouvé un espace de liberté, il a créé une dissidence certes minoritaire mais déterminée. Quitter Facebook est devenu depuis quelques semaines un geste de quasi-rébellion identitaire face à l’unanimisme ambiant sur