Yann Hermet nous avait échauffé l'appétit avec son gingembre. «Oui, oui, j'en cultive dans le potager du Jardin des plantes», nous avait dit le jeune jardinier. «La culture du gingembre est facile et peu dispendieuse. Un homme isolé peut l'entreprendre seul», écrivait en 1770 l'abbé Raynal dans sa visionnaire Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes, à revisiter absolument à la lumière de la (nouvelle) mondialisation (1). «Facile», oui, en Jamaïque et à Malabar, où on cultive alors la chose, comme le rapporte le penseur prérévolutionnaire, qui nous donne aussi les fluctuations de son prix sous la pression des colons.
Mais quid de la culture, à Paris, de Zingiberofficinale (du nom de Zanzibar, où les Arabes se procuraient cette épice indienne) ? «La première chose à faire, c'est d'acheter au marché asiatique un rhizome bien charnu, pas fripé», dit Yann Hermet. Ensuite, de le planter au soleil, à demi-enterré «dans une terre très mouillée, sableuseet riche en nutriments», ajoute le jardinier. «La terre où cette plante a fourni trois ou quatre récoltes est tellement épuisée en sels, écrivait Raynal, que rien ne peut plus y prospérer.» Normalement, le rhizome lancera des feuilles à 90 cm, façon roseau.
L'automne venu, ça se corse : on entre au chapitre jardinage, niveau de difficulté «cinq fourches». Il faut coup