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Libération

Inquiétudes sur les bébés de la science

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publié le 15 juin 2010 à 0h00

Comment vont-ils ces enfants ? Sont-ils différents ? Les conditions de leur conception, c’est-à-dire après une aide médicale à la procréation (AMP), peuvent-elles être la cause de difficultés physiques ? Les résultats d’un travail français, présentés hier lors du congrès de la Société européenne de la génétique humaine à Gothenburg, en Suède, sont en tout cas impressionnants : chez ces enfants-là, il y a presque le double de malformations congénitales par rapport à ceux conçus naturellement : 4,23 % au lieu de 2 à 3 %. Un taux troublant, inquiétant même, qui confirme combien les techniques de procréation ne sont pas aussi neutres qu’on le croit. Pour d’autres, plus optimistes, ce taux est rassurant car moins élevé que celui que d’autres études avaient pointé.

Géraldine Viot est à l’origine de ce travail inédit. Généticienne à la maternité Port- Royal de Paris, c’est une des plus brillantes cliniciennes de sa génération. Tous les jours, accompagnée d’une psychologue, elle dialogue, consulte, tente de débusquer des risques de maladies génétiques chez des couples en demande d’enfants. Cherche à mieux comprendre leur histoire, leur généalogie.

Dans son travail, toutes les naissances, entre 2003 et 2007, provenant de 33 centres d'AMP (plus du tiers des équipes françaises) ont été observées. Soit 15 162 enfants nés vivants. C'est la plus grande cohorte de suivi d'enfants nés après une AMP. Des questionnaires ont été présentés aux parents, puis analysés et comparés aux données des pé