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Libération

Jaune comme une tomate

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publié le 2 juillet 2010 à 0h00

La tomate, c’est l’enfance de l’art potager, le premier pas du jardinier amateur sur l’âpre route de l’autosuffisance, la plante comestible à laquelle on s’essaye volontiers, tant elle se dit aisée de culture, docile de nature. Réputation surfaite. La tomate est une source intarissable de questionnements existentiels. On en a eu quelques-uns en visitant le potager du Jardin des plantes à Paris, carré bien tenu par le jeune Yann Hermet.

Le jardinier a planté là «une dizaine de variétés de tomates», biodiversité dont la première fonction est de décapiter l'idée répandue selon laquelle la vraie tomate est rouge : «la couleur ne dit rien sur le goût», nous dit Yann qui a planté une Roma, la rouge classique en vente dans tous les hypers et une autre qui vire au ton «bifteck» sanguin, mais aussi une jaune, une petite blanche, et une verte à rayure jaune «Green Zebra, la plus délicieuse», assure-t-il. L'histoire lui donne raison : au commencement, la tomate n'était pas rouge.

Flash-back. Depuis 1754, la tomate cultivée s'appelle Lycopersicon esculentum, ce qui signifie, dans ce gréco-latin de cuisine qu'adorent les botanistes, «pêche de loup comestible». On ignore ce que le loup fait là, mais toujours est-il qu'il a chassé de l'espace savant une appellation plus éclairante : Pomo aurea, écrivait en 1544 l'érudit italien Pietro Andrea Matthioli, qui a exécuté l'un des premiers dessins de cette plante que les Espag