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Libération
Interview

L’étoffe des zéros

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Patatras. Vannes vaseuses, gaffes, oublis, lâchetés… témoignages d’egos en déroute quand l’envie de rentrer sous terre est plus forte que tout.
publié le 13 juillet 2010 à 0h00

On n’est pas tous les jours un héros. Même avec beaucoup de bonne volonté de bien faire, la vie se charge vite fait de nous ramener à notre piètre condition d’être faillible. C’est une langue qui chourfe, une mémoire qui se fige, une braguette béante en plein speech, l’arrière d’une jupe qui reste coincé dans la culotte ou pire encore… Et à qui s’en prendre à part à soi-même ? C’est une sale affaire d’entre soi et soi. Etourderie, défaillance, mesquinerie, hyperstress, déveine, les voilà les pièges à naufrages pathétiques. S’ensuivent toujours d’interminables moments de solitude. Une désintégration instantanée de l’ego. Evidemment, on finit toujours par s’en remettre. Et même par l’admettre. Voire le raconter (des années plus tard). Sur le Net, réceptacle sans fond de confessions en forme de «je me suis senti(e) nul(le)». En société, quand une fois la plaie pansée, on se déboutonne. Et ça régale son public. Et ça soulage quand chacun y va à son tour de son souvenir cuisant, comme dans une thérapie de groupe. A l’arrivée, une avalanche de moments de nullitude. Témoignages.

Antoine, 50 ans «J'ai dit "on s'est déjà vus"»

«Un jour, alors que j’avais mis mon appartement des Buttes-Chaumont en vente, un type se pointe pour le visiter. Je me dis, je le connais. Je lui dis : «on s’est déjà vus.» Et j’insiste, j’insiste. J’étais convaincu qu’il bossait au service entretien de la ville de Paris. L’agent immobilier qui était arrivé entre-temps m’a stoppé. Mon visiteur n’