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La vie en Vert (5/5). Le journal de Bridget Kyoto. Aujourd’hui, la crise existentielle du sauveur de l’humanité, incompris et esseulé.
publié le 20 août 2010 à 0h00

Après les épisodes riants où manger bio, forniquer nature et pédaler rendaient le sauvetage de la planète excitant, Bridget s'enfonce dans le spleen de l'impuissance, ambiance «Tout est foutu, de toute façon…». Bah oui Bridget, tout est foutu, et alors ? Pour elle, l'éco-geste a fait son temps. «Le simple changement de comportement est insuffisant et la crise écologique appelle à un changement en profondeur du système de valeurs et de représentations sociales de notre société», explique Séverine Millet dans sa lettre électronique Nature humaine (www.nature-humaine.fr). Or, chatouiller le système de valeurs ou les représentations sociales de notre culture, c'est activer de puissantes résistances, inconscientes pour la plupart d'entre nous. Comme l'engouement pour le «green» donne des boutons à plus d'un humain, Bridget se sent ostracisée. Nombre de ses collègues la traitent de «khmer verte», de «pastèque» (verte à l'extérieur, rouge à l'intérieur), et plus prosaïquement de «tarée». Ils pensent que sa garde-robe se limite à des sandales en cuir et à de longues jupes «esmeraldesques». Ses potes la trouvent «pénible», sa famille «peine-à-jouir», et les loups du développement durable la qualifient d'«idéologue». En un mot, Bridget se sent seule.

Désert.«Oui, les gens se sentent seuls dans leur conscience des enjeux, mais ils ne le sont pas !» prévient Stéphane Riot, consultant en changement, q