Menu
Libération
Enquête

Ceci n’est pas un bébé

Article réservé aux abonnés
Tocade. A acheter sur la Toile, les «reborns», poupées hyperréalistes pour adultes, font de plus en plus d’adeptes. Un nouveau baby-boom.
Une poupée "reborn". Crédit: Teadrink sous licence Creative Commons (http://www.flickr.com/photos/14945397@N00/2232105891/)
publié le 25 août 2010 à 0h00

Des pieds et des mains de bébé jonchent la table de sa salle à manger. Nathalie Martain attrape un petit pot de peinture et un morceau d'éponge pour fignoler la tête souriante qu'elle tient entre ses doigts. Assistante maternelle en congé parental, cette mère de quatre enfants fabrique depuis plus d'un an des copies conformes de nourrissons, appelés poupées reborn. «J'ai commencé par curiosité, et puis je me suis prise au jeu. Celui-là, c'est mon dix-septième, ce sera un petit Asiatique.»

Quand, après des dizaines de couches de peinture vinyle spéciale, le visage et les membres de sa poupée en kit imiteront les marbrures, petites veines et autres rougeurs de la peau d'un nouveau-né, elle implantera des yeux en verre et des cheveux en mohair, un par un, avant de lester, d'assembler et d'habiller son «bébé». Elle le mettra ensuite en vente - ou plutôt le «proposera à l'adoption» - sur sa «nurserie» virtuelle (son site Internet) ou sur eBay, où l'offre pour ces poupons hyperréalistes explose.

Difficile de dire comment est née l’idée de fabriquer des poupées qui ressemblent à s’y méprendre à des nourrissons. Les «reborneuses» (créatrices de reborns) américaines assurent être à l’origine de la tendance dans les années 90, d’autres, plus concrets, situent le berceau de ces faux bébés à Hollywood. Gênée par l’interdiction de filmer des enfants de moins de 3 mois, l’industrie du film aurait fait appel à des accessoiristes de pointe pour donner le jour à des