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Libération

Souper fin pour gros lapin

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Foodingues . Tous les jeudis, réveil des papilles et passage en cuisine. Aujourd’hui, gâteaux de foies de volaille en guise de retrouvailles.
(Christophe MAOUT)
publié le 16 septembre 2010 à 0h00

Elle vient dîner ce soir et on n'est pas tranquille. Pensez donc, ça fait une éternité que l'on ne s'était pas revus quand on s'est croisé l'autre jour gare de l'Est. Elle descendait du TGV en provenance de Strasbourg. On partait pour Chaumont. Allez savoir pourquoi, on a capté son regard dans la foule qui débarquait des trains du matin alors qu'on était empêtré dans le compostage du billet. Une paire de secondes supplémentaires et on aurait relevé la tête trop tard pour la revoir. Il doit y avoir un dieu pour les retrouvailles. On ne peut pas dire que l'on a été très bavard. Juste gauche et emprunté. Et pressé, aussi. On n'allait pas lui proposer un café. C'est comme ça qu'on avait rompu. Et de toute façon, il y avait le dur qui nous attendait sur le quai. Alors on a tenté le double salto, tout misé sur le rouge, ça passe ou ça casse. Depuis le temps que l'on s'était perdus de vue sur les pages blanches de l'annuaire et les écrans du Minitel, on n'allait pas mégoter aujourd'hui. Il fallait savoir sortir la bombe atomique : «Tu viens dîner à la maison ?» Franchement, on aurait aimé entendre un énorme «OUIIII !» avec tambours et flonflons mais il y avait une loco qui faisait un essai de frein dans un gros sifflement d'air comprimé. Elle a marqué un temps d'arrêt, dodeliné de la tête : «J'apporterai le vin.»

Frichti. On a pris le train sur un petit nuage de songes. Rassemblant tout notre modeste bagage culinaire dans la perspective de