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Libération

Le beaujolais sauvage de «Jeanne de Florette»

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publié le 17 septembre 2010 à 0h00

C’était une belle fin de matinée dans le Beaujolais. Le soleil perçait quelques nuages quand on a plongé le nez dans le verre. Et souri. Il y avait quelque chose de gourmand et sauvage qui vous faisait venir la salive en bouche. Puis à la première gorgée, de la matière, quelque chose de croquant. Du fruit, des tanins, de la fraîcheur. Sans doute un joli gamay (le cépage du Beaujolais) de garde. En attendant, il faut le goûter après quelques heures d’ouverture (par exemple sur une côte de bœuf, juste poêlée et salée).

Julie Balagny (1) s’en voit pour le produire. Installée depuis peu à Fleurie, elle loue 3,2 hectares d’une vigne isolée. Une combe sauvage entourée de bois. Une terre revêche, pentue, pleine de cailloux. Mais exposée plein sud, avec un sous-sol intéressant (granit, un peu de roche volcanique). Les rangs n’y sont pas très droits : les ceps, qui ont parfois plus de 80 ans, donnent en ordre dispersé, certains sont ensablés. Les plantes sauvages gagnent du terrain. Un peu Jeanne de Florette, la vigneronne s’accroche, à sa charrue, avec un treuil aidant à remonter les rangs tellement la pente est rude. Elle attaque le sol à la pioche, traite avec une machine à dos d’une trentaine de kilos, parfois pendant six ou sept heures. Difficile ? Sans doute. Mais dans ces pays vignerons, la dureté vient souvent plus de l’humain que de la terre. L’une de ses cuvées porte le nom d’un ancien épicier de Fleurie qui possédait sa vigne, il y a plus d’un siècle. Une façon de s’inscrir