Ces enfants leur ont donné des surnoms - «Papou», «Mamina», «Manie». Ce ne sont, au regard de la loi, ni leur mère, ni leur père. Mais les conjoints homos de leurs parents, qui vivent avec eux et les éduquent. Comment grandit-on dans une famille pas exactement comme les autres ? Quel regard porte-t-on sur ses parents ? Comment affronter les préjugés à l’école et ailleurs ?
Marion, 13 ans «J'ai peur des réactions»
«Pour moi, avoir deux mamans, c’est normal. Ma mère a rencontré Stéphanie quand j’avais neuf mois, elle est devenue "Manie" et c’est un peu comme ma maman. J’ai un père, je le vois un week-end sur deux et pendant les vacances : comme dans une famille divorcée. Mes trois petites sœurs ont été conçues avec un couple d’homos hommes. Des fois les week-ends, je pars avec elles chez leurs pères. Je suis habituée, pour moi c’est simple. Presque personne ne sait que j’ai deux mamans. Seuls mes amis d’enfance sont au courant : de toute façon, ils viennent dormir à la maison, donc ils voient bien ! Mais on n’en parle pas ensemble, pour eux et pour moi c’est naturel. Au collège, c’est différent. Certains comprennent, d’autres non. Je suis timide et j’ai peur des réactions, qu’on ne veuille plus me parler à cause de ça. Je dis toujours que Manie est ma tante, une cousine ou une amie de maman. Je ne raconte pas que j’ai une troisième petite sœur : comme ils n’ont pas vu maman enceinte, les gens ne comprendraient pas. Quand on a parlé de la reprodu