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Libération
Interview

Agité, perdu déprimé

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Ils somatisent, s’énervent ou jettent l’éponge. Témoignages du mal-être de quelques élèves.
par Marie-Joëlle Gros, Catherine Mallaval et Aveline Marques
publié le 22 septembre 2010 à 0h00

Souffrance des enfants, souffrance des parents. L’école dès le plus jeune âge peut être source de mal-être. Lorsqu’il s’installe, c’est l’engrenage. Le mal d’école peut alors se transformer en rejet d’un système scolaire trop rigide. Chaque année, quelque 150 000 jeunes se retrouvent sur le pavé sans aucun diplôme.

Elisabeth, 35 ans, mère de Nathan, bientôt 5 ans :

«Il ne correspond pas à ce que l’on attend de lui»

«La souffrance scolaire peut commencer très tôt. Dès le premier jour de petite section de maternelle de mon fils, le couperet est tombé : «Pour lui, l'école, ça va pas le faire.» C'est exactement ce que m'a dit l'institutrice. Il n'avait pas encore trois ans. Mais il était déjà catalogué comme «ne tient pas en place», «dérange les autres». Pour moi, l'école avait toujours été un lieu positif. J'ai découvert que ça pouvait être violent. Mon fils a tout de suite senti qu'on faisait une différence entre lui et les autres. Sous la pression de l'école, on a entrepris un parcours dans un CMP (centre médicopsychologique). On s'est terriblement remis en cause. L'école, moins.

«Le psy nous a dit que la vie en collectivité surexcitait Nathan, qu'il ne savait pas se positionner par rapport aux autres, et souffrait d'un problème d'estime de soi que l'école n'arrange pas en s'accrochant à des normes qui font qu'à tel âge, l'enfant doit savoir tenir son stylo comme ça, etc. On a fini par demander s'il était scolarisable. La réponse a été : «Oui, mais