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Libération

«Les actionnaires, tu crois qu’ils vont laisser faire ?»

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publié le 27 septembre 2010 à 0h00

Six collègues de travail déjeunent dans un restaurant thaï de la région parisienne. Deux filles, quatre garçons. Chic banlieue. Ils ont choisi le bœuf grillé et les nouilles chinoises. Eau et thé. On est assis, la table derrière eux. On reconstitue à peu près leur dialogue.

«Si on fait pas un meilleur chiffre d’ici six mois, ils vont retirer leurs billes.

- Six mois ? Tu penses qu’ils vont nous laisser six mois ? Moi, je pense qu’à la fin de l’année, si on fait pas mieux, ils ferment.

- Les actionnaires, tu crois qu’ils vont laisser faire ? Ils regardent les chiffres qu’ils jugent catastrophiques, ils tirent les conclusions.

- Je pense que ce sera bien si on fait pas pire.

- Et la suite, c'est quoi ?

La suite, c'est : "on vire le manager."

- Et nous, on est les prochains sur la liste.

L’un d’eux s’énerve.

- Qu’est ce qu’ils ont fait depuis qu’ils sont arrivés ? La situation a empiré !

- Je ne suis pas d’accord, la partie commerciale était à chier. Ils l’ont améliorée.

- On verra bien.»

Ils mangent. L’un parle de sa femme qui reprend après un congé maternité, le couple est en train de déménager. L’ambiance est un peu lourde, cela fait une respiration dans le repas.

«De toute façon, comme on est pas dans le secret, on peut juste échafauder des hypothèses sur ce qui va se passer.

- T’as vu Hervé, ce qu’il a dit l’autre jour ? Il voulait juste nous préparer à l’idée qu’on pouvait sauter.