Chaud, froid ou tiède le biberon ? A plat ventre, sur la tranche ou sur le dos, le bébé ? Planté sur le pot à heure fixe ou libre de passer peinard son «stade anal» dans ses couches ? Bien cadré, voire baffé, ou élevé free style à la manière du docteur Spock ?
Insensées toutes ces modes (parfois sans aucun fondement scientifique) qui passent et repassent au-dessus des couffins. Avec «à chaque fois des parents qui suivent comme un seul homme», s'amuse René-Jean Bouyer, historien et documentariste à succès qui publie les Mémoires d'un bébé - Un siècle d'éducation de l'enfant de Pasteur à Dolto (1). Un livre qui prolonge son documentaire réalisé l'an passé. Et vous plonge dans une époque pas si lointaine - le début du XXe siècle - où le bébé est considéré comme une sorte de «petit animal, inoffensif, que les médecins pensent à peu près sourd et aveugle. Son activité élémentaire qui consiste à laisser entrer la nourriture et à la faire ressortir, lui vaut l'appellation de nourrisson». Et vous laisse avec une génération d'enfants-rois choyés dans des microcellules familiales par des parents qui s'interrogent sans relâche sur «cette forme d'éducation qu'est l'amour».
«J'ai fait ce travail, sans doute inspiré par ma position de grand-père, après avoir vu mon fils et ma belle fille un peu désorientés. Ma mère avait écouté sa mère ; son angoisse, c'était le microbe, elle passait son temps à me demander de me laver les mains. Ma femme a