D'un côté les matheux, de l'autre des irrécupérables nuls en calcul ? Michel Vigier, fondateur de l'Association pour la prévention de l'innumérisme (le pendant chiffré de l'illettrisme), n'y croit pas. Il explique à Libération pourquoi tous les petits Français devraient pouvoir atteindre un niveau correct en maths à condition d'adopter une nouvelle approche.
Les résultats en maths des élèves français ne sont pas bons. Comment l’expliquez-vous ?
Les élèves ont changé et l’enseignement ne s’est pas adapté. Il y a des élèves en difficulté très tôt, à qui on n’a pas lu de livres petits, qui n’ont pas eu d’imprégnation culturelle et qui sont, en plus, abreuvés de télé. On les retrouve aussi en difficulté en calcul car l’apprentissage des mathématiques se fait verbalement et qu’ils n’ont pas les capacités d’abstraction suffisantes. Il leur faudrait une aide.
A quelle aide pensez-vous ?
Nous pensons qu’il faudrait commencer en classe par la proportionnalité - le partage équitable, le troc -, avant même la numération, l’addition, etc. C’est la première notion mathématique entrée dans le cerveau humain - les tout jeunes enfants la possèdent lorsqu’ils s’échangent des bonbons. Or en primaire, elle est reléguée en fin de programme. Nous proposons en plus de recourir à des tableaux de proportionnalité, qui sont compris très facilement. Pour aider les élèves en difficulté notamment, il est indispensable d’arriver à présenter un énoncé verbal sous forme de tableau.
Et ça marche ?
Oui, nous avons mené une expérience en mai-juin 2010 avec une classe de quatrième «normale» et une de Segpa (classe spécialisée pour