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Libération

«Les gens vont finir par mourir au taf»

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publié le 17 novembre 2010 à 0h00

«Vivement la retraite !» Pablo, 17 ans, traîne en peignoir et chaussettes au lieu de se hâter vers l'internat. Il n'a encore jamais travaillé de sa vie, pas même un petit boulot d'été, que déjà, il rêve de repos bien mérité : «Je serais pépère tranquille chez moi. Je pourrais faire la grasse mat' toute la journée et sortir tous les soirs, vu que j'aurai pas à travailler le lendemain…» La belle vie, quoi. En attendant, la réforme des retraites lui a donné l'occasion de manifester pour la première fois de sa vie, et ça lui a beaucoup plu. Surtout le jeu du chat et de la souris avec les forces de police.

«A quoi on ressemblera quand on sera vieilles ?» Boushra, Manon et Monique-Laure se regardent, interdites, comme si on leur posait une colle : elles n'y ont jamais réfléchi. Ce sont trois copines en BTS de management, 19 ans en moyenne, la peau sombre. Manon : «Déjà, on n'ira pas en maison de retraite, ça n'existe pas dans notre culture. Chez nous, les vieux restent en famille, au milieu des enfants. Ils n'attendent pas que quelqu'un leur rende visite.» Mais avant d'envisager ce futur très lointain, elles voudraient être sûres de trouver un travail intéressant : «Des bac + 5 qui font des ménages, on en connaît.» Elles ne s'imaginent pas rester en France où «les gens vont finir par mourir au taf». Elles rêvent de mettre les bouts.

Grégoire aussi. Pourtant, avec son physique de beau gosse et son futur bagage (un bac S au lycée H